La presbyacousie est une perte d’audition liée à l’âge. Il s’agit d’une perte progressive de l’audition, ce qui signifie que certaines personnes ne la reconnaissent même pas au début. Les causes sont principalement génétiques ou environnementales. Cela peut être dû à une écoute prolongée de sons forts, à la perte de cellules ciliées, au vieillissement, aux effets secondaires de médicaments, à des facteurs héréditaires, etc. Il existe bien sûr des traitements, mais ils varient en fonction de l’âge, de la gravité globale, des préférences en matière de médicaments, de l’état de santé général et des antécédents médicaux, etc. Le plus souvent, des appareils auditifs sont nécessaires pour atténuer la perte d’audition. Heureusement, grâce aux progrès constants de la technologie et de la médecine, ce fardeau est de plus en plus facile à supporter.
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Du grec « presbus » qui signifie vieux et de « akousis » signifiant audition, la presbyacousie est un phénomène physiologique qui s’intègre dans un processus beaucoup plus global du vieillissement normal de l’individu. Il s’agit bien d’une perte progressive de l’audition qui concerne l’ensemble de la population, même si nous ne sommes pas tous égaux face à ce handicap. Il y a effectivement une grande variabilité individuelle quant à la date d’installation, l’évolution et l’impact dans la vie de tous les jours. Malgré tout, au moins 30 % de la population de plus de 60 ans et plus de 50 % de plus de 80 ans manifeste des symptômes. Les hommes semblent plus atteints que les femmes. La presbyacousie est plus rare chez les moins de 50 ans, mais les statistiques changent selon les habitudes auditives, comme l’exposition au bruit par exemple.
Manifestations
L’atteinte auditive de la presbyacousie est lente et insidieuse et se manifeste par une perte progressive dans les fréquences aigues qui n’a peu ou pas de répercussion clinique jusqu’à un certain seuil. Parfois, c’est uniquement l’acouphène (sifflement) qui amène la personne à consulter. La découverte de la presbyacousie est alors fortuite.
Le retentissement social se manifeste dès une élévation des seuils de 30 dB par rapport à la normale, à la fréquence de 2000 Hz. La plupart du temps, le presbyacousique se plaint de ne plus capter les conversations dans les environnements bruyants et comprend moins bien les voix féminines plus aigües. Les personnes actives n’hésitent pas à consulter, car la qualité d’audition peut être un enjeu important dans leur travail. Hélas, beaucoup de gens tardent à voir un spécialiste et la perte auditive évolue lentement à un stade plus avancé, avec un impact réel sur la communication et souvent un isolement de la personne vis-à-vis de son entourage.
La communication devenant trop difficile, mais également parce que le bruit est vécu comme une agression, les lieux publics, le théâtre, le cinéma sont évités. Même téléphoner devient un problème, et il n’est pas rare de constater l’installation d’un syndrome dépressif.
L’organe auditif
La presbyacousie est une atteinte de l’oreille interne, mais pas seulement. La cochlée qui est un organe inouï (si l’on peut dire), est tapissé de cellules ciliées (neurosensorielles) disposées en palissade, et qui dépliée pourrait être comparée à un clavier de piano. Les cellules responsables du codage des fréquences aigues se trouvent au niveau de la spire basale, et semblent plus fragiles au vieillissement, ce qui explique une perte dans les aigus avec une relative conservation des seuils jusqu’à 1000 Hz. Une atteinte nerveuse est également possible, au niveau du « câblage électrique » entre l’oreille interne et le cerveau, et qui à partir d’un certain degré de détérioration est responsable, non seulement de la perte dans les aigus mais également d’une diminution de la discrimination, correspondant à la capacité de sélectionner les fréquences de l’interlocuteur par exemple.
D’autres types d’atteintes sont également possibles (strie vasculaire, membrane basilaire, ligament spiral, dégénérescence des voies auditives du tronc cérébral) et peuvent être associées à des troubles de la mémoire, de l’attention ou de la coordination des mouvements.
Causes
Les causes sont essentiellement environnementales et génétiques.
L’exposition au bruit de forte intensité, ou plus faible mais de longue durée, provoque des atteintes dans les fréquences aigues en préservant les fréquences graves. Chaque individu aurait une sensibilité variable à ces expositions.
Des corrélations avec des pathologies vasculaires ont pu être démontrées, comme les coronaropathies, l’accident vasculaire transitoire ou installé, les artériopathies des membres inférieurs, etc.
On connait l’effet toxique de certains médicaments sur l’organe auditif.
L’hypothyroïdie, le diabète, l’alcool, le tabac et diverses pathologies de l’oreille moyenne ont montré leur corrélation sur la presbyacousie.
Enfin, nous avons pu démontrer que des facteurs génétiques avaient une influence sur la presbyacousie, soit directement, soit en favorisant une plus grande sensibilité aux facteurs environnementaux.
Dépistage
Le dépistage est surtout basé sur la recherche d’une altération de la compréhension dans le bruit, (dans les commerces ou les restaurants par exemple), ainsi qu’une intolérance à l’exposition de sons intenses. L’acouphène qui est un sifflement surtout gênant dans le calme, peut être un motif de consultation et permet parfois de mettre en évidence une presbyacousie débutante ou infra clinique. Cela dit, une presbyacousie peut être avancée sans fatalement être accompagnée d’acouphène. Sans s’en rendre compte, certaines personnes atteintes de perte auditive développent une capacité de lecture labiale. Tout le monde n’a pas la même facilité d’adaptation.
L’audiogramme tonal permet de tester les limites de l’audition pour des fréquences comprises entre 250 et 8000 Hz, correspondant à une partie du spectre auditif utilisé quotidiennement. L’audiogramme vocal est basé sur la compréhension de mots simples donnés à différentes puissances et permet de déterminer la capacité de compréhension. Ces examens sont réalisés chez l’oto-rhino-laryngologue, mais des dépistages peuvent être pratiqués chez l’audioprothésiste.
Traitement
Le plus souvent, le port d’une prothèse auditive s’avère nécessaire. Les technologies ont beaucoup progressé dans ce domaine, les prothèses sont devenues très performantes, miniaturisées et de plus en plus discrètes. L’accompagnement au choix d’un appareil est primordial et doit tenir compte des besoins de l’utilisateur. La prothèse la plus onéreuse n’est pas forcément la plus adaptée, et le rôle de l’audioprothésiste est essentiel dans cette phase, notamment pour assurer la finesse des réglages et le suivi.
Selon l’importance de la perte auditive, l’assurance AI ou AVS prend en charge une partie des dépenses. Une expertise doit être faite chez un ORL agréé qui vous aidera à formuler la demande.
Il arrive parfois qu’une perte auditive profonde et bilatérale ne soit plus appareillable. Selon les situations, l’implant cochléaire est envisageable.
Conclusion
La presbyacousie s’intègre dans une prise en charge beaucoup plus globale du vieillissement, qui doit faire l’objet d’un dépistage, mais également tenir compte des différentes affections pouvant influencer d’une manière directe ou indirecte la perte auditive. L’exposition au bruit, l’hypertension artérielle, les troubles métaboliques, l’altération des fonctions supérieures, des troubles visuels, de l’équilibre, de la marche par exemple ne doivent pas être ignorés.
De nos jours, une gêne quotidienne, l’isolement ou la dépression liée à la perte auditive n’est plus forcément une fatalité. Des professionnels sont là pour vous écouter, répondre à vos questions et bien sûr pour vous orienter vers des solutions adaptées.
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