Nous avons tous entendu parler de l’asthme, mais un chat peut-il en souffrir ? L’asthme du chat est une maladie inflammatoire des bronches. Il n’existe pas encore de traitement curatif et il peut toucher les chats de tout âge et de toute race. Cependant, les chats siamois semblent y être sensibles. Les signes de l’asthme chez votre chat sont une difficulté à respirer, des épisodes de toux et une respiration anormale. Même s’il n’existe pas de traitement curatif de l’asthme du chat, il convient de procéder à des contrôles réguliers et de prendre des médicaments prescrits pour atténuer les symptômes. Les recommandations de traitement comprennent des modifications de l’environnement, des corticostéroïdes et des bronchodilatateurs. Les glucocorticoïdes doivent être administrés pour un traitement à long terme, soit par voie orale, soit par injection, soit par inhalation.
Pour en savoir plus, poursuivez la lecture de l’article du Dr Med. Vet. Alexandra Gabriel.
QU’EST-CE QUE L’ASTHME DU CHAT ?
L’asthme est une maladie inflammatoire chronique relativement fréquente des bronches chez le chat. Il s’agit d’une réaction d’hypersensibilité suite à une sensibilisation par un aéroallergène (allergène présent dans l’air). Les bronches subissent des modifications pathologiques variables après une exposition répétée au même allergène : inflammation des voies aériennes (globules blancs impliqués : éosinophiles), hypersécrétion de mucus, bronchoconstriction intermittente et réversible (en réponse à des stimuli allergiques et non allergiques), et remodelage (modifications permanentes de l’architecture pulmonaire). L’histoire, les signes cliniques, les résultats radiologiques et la réponse au traitement sont les éléments clés du diagnostic. Actuellement, il n’existe aucun traitement curatif pour cette maladie bronchique.
QUELS CHATS PEUVENT DÉVELOPPER LA MALADIE ?
Cette maladie peut toucher des chats de tout âge et de toute race. Cependant, les chats siamois semblent être prédisposés.
QUELS SONT LES SIGNES CLINIQUES ?
Les propriétaires décrivent souvent des épisodes intermittents de toux, de difficultés respiratoires et de bruits respiratoires anormaux (sifflements, etc.). Il n’est pas toujours facile de reconnaître une toux chez le chat. Certains chats se présentent également pour des vomissements, les propriétaires confondant la quinte de toux avec des vomissements. De même, une quinte de toux peut déclencher des vomissements, pour lesquels l’animal est alors présenté à la fin. Entre les quintes de toux et au repos, les chats asthmatiques semblent souvent asymptomatiques et l’examen clinique peut être tout à fait normal. D’autres signes cliniques peuvent être rencontrés à la maison : respiration rapide, dyspnée (surtout expiratoire), respiration à bouche ouverte. D’autres peuvent être notés par le vétérinaire lors de l’examen clinique : Toux irritable à la palpation trachéale, présence de fins crépitements et sifflements à l’auscultation.
QUELLES AUTRES MALADIES PEUVENT PROVOQUER LES MÊMES SIGNES CLINIQUES QUE L’ASTHME FÉLIN ?
Les autres maladies les plus importantes à distinguer de l’asthme félin sont les bronchites chroniques, les maladies respiratoires parasitaires (aelurostrongylose, dirofilariose, toxocarose) et, plus rarement, les maladies respiratoires bactériennes ou tumorales. La combinaison de différents examens complémentaires permet de différencier ces maladies.
LES EXAMENS COMPLÉMENTAIRES QUI PEUVENT ÊTRE ENVISAGÉS POUR DÉTERMINER LE DIAGNOSTIC
Tests sanguins
Il n’y a pas de modifications spécifiques de la formule sanguine pour l’asthme félin. Les chats qui ont séjourné dans une région où le ver du cœur est endémique doivent subir un test sérologique de dépistage de cette maladie, qui peut provoquer les mêmes signes cliniques que l’asthme félin.
Analyse fécale
L’analyse fécale (technique de Baermann) peut détecter une infection par Aelurostrongylus sp. si le parasite est présent dans les fèces, mais une analyse négative ne l’exclut pas.
Radiographies du thorax
La radiographie pulmonaire permet d’exclure certaines lésions (tumeur, infection focale, masse médiastinale, épanchement pleural) et, si elle est présente, met en évidence les signes couramment observés dans l’asthme (dessin pulmonaire diffus bronchique et/ou péribronchique, plus ou moins prononcé). D’autres signes moins fréquents peuvent être observés (diaphragme aplati, etc.). L’examen radiologique peut paraître tout à fait normal, ce qui n’exclut pas la présence de la maladie. Certaines maladies, comme la bronchite chronique, peuvent présenter les mêmes changements sur la radiographie.
Une autre technique d’imagerie diagnostique, le scanner, est plus efficace que la radiographie conventionnelle pour différencier certaines maladies respiratoires, mais nécessite : un cabinet équipé d’un scanner, souvent une anesthésie générale, et est associé à des coûts supplémentaires. Cette technique n’est donc pas toujours utilisée pour le diagnostic de l’asthme.
En pratique, des examens cliniques, sanguins, radiologiques et éventuellement des analyses de selles permettent de confirmer la suspicion clinique d’asthme félin. Le traitement est souvent initié à ce stade. La réponse aux corticostéroïdes peut être considérée comme un test de diagnostic. Elle doit être excellente (voir Traitement). Au départ, le traitement par corticostéroïdes est souvent accompagné d’un traitement antiparasitaire et antibiotique.
Bronchoscopie, lavage broncho-alvéolaire (LBA) et examen cytologique
Un examen bronchoscopique est envisagé d’emblée ou en cas de réponse insatisfaisante au traitement. Il vise à exclure d’autres causes de toux et/ou de difficultés respiratoires (infection bactérienne, parasitose, …) et à détecter les anomalies communes à la bronchite allergique, le cas échéant : Hypersécrétion de mucus, irrégularité de la muqueuse, inflammation éosinophile à l’examen cytologique du liquide de LBA.
Certains autres tests (identification de l’allergène, pléthysmographie) sont généralement réalisés dans des centres de recherche (et sont donc moins accessibles) et ne sont envisagés que dans des cas particuliers.
TRAITEMENT DE L’ASTHME DU FÉLIN
Une guérison n’est généralement pas possible à l’heure actuelle, comme chez l’homme. Elle n’est possible que si l’allergène en cause est identifié et éliminé, ce qui est généralement utopique. Un traitement médicamenteux chronique et une surveillance régulière sont nécessaires pour réduire les symptômes et contrer le remodelage bronchique. Les recommandations thérapeutiques comprennent des modifications de l’environnement, des corticostéroïdes et des bronchodilatateurs (en cas de crise aiguë).
En pratique, il faut éviter l’exposition à des irritants tels que la poudre, la litière poussiéreuse, les aérosols ou la fumée de cigarette. Pour les chats vivant en appartement, des filtres d’air ambiant peuvent être utiles.
Pour un traitement à long terme, les glucocorticoïdes sont recommandés pour rompre le cycle inflammatoire qui provoque des dommages bronchiques irréversibles. Ils peuvent être administrés par voie orale, par injection ou par inhalation. La posologie doit être adaptée en fonction de la réponse clinique au traitement, avec pour objectif d’ajuster le chat à la plus faible dose thérapeutiquement efficace à long terme, après une réduction progressive de la dose. Les corticostéroïdes inhalés sont bien tolérés lorsqu’ils sont administrés de manière chronique, mais ne sont pas efficaces en cas de traitement d’urgence. Ils réduisent l’inflammation et induisent moins d’effets secondaires systémiques que la forme orale. Ils sont administrés à travers une chambre munie d’un masque. Le dispositif Aerokat® est spécifiquement conçu pour les chats. L’administration de corticostéroïdes injectables à longue durée d’action doit être réservée aux cas où l’administration orale n’est pas possible. Il est important de rappeler que l’efficacité clinique des corticostéroïdes administrés par voie systémique doit être excellente. Si ce n’est pas le cas, une autre cause de la toux doit être recherchée.
Les bronchodilatateurs sont indiqués chez les chats présentant des crises de bronchoconstriction. Leur utilisation n’est pas recommandée en monothérapie car ils n’agissent pas sur l’inflammation. Ils sont généralement administrés par voie orale ou par injection, ou par inhalation dans certains cas. Certains bronchodilatateurs peuvent paradoxalement aggraver l’inflammation bronchique. Leur utilisation est donc réservée au traitement à court terme d’une crise d’asthme.
L’utilisation de la ciclosporine peut être envisagée dans certains cas particuliers (corticostéroïdes contre-indiqués, etc.). Son utilisation a été documentée dans certains modèles expérimentaux et dans quelques rapports de cas.
Les antibiotiques sont principalement indiqués dans les cas où une surinfection bactérienne est suspectée (par exemple en cas de réponse inadéquate aux corticoïdes) ou diagnostiquée par la culture du liquide LBA. La présence de bactéries dans le LBA n’indique pas toujours une infection, car certains chats en bonne santé peuvent avoir un grand nombre de bactéries. L’identification de bactéries doit toujours être interprétée en conjonction avec les résultats de l’analyse cytologique. Si une culture est réalisée, le choix de l’antibiotique sera ciblé. Si ce n’est pas le cas, une antibiothérapie empirique peut être utilisée. L’immunothérapie est une voie de recherche très prometteuse. » L’immunothérapie de rush » consiste à stimuler le système immunitaire pour qu’il tolère l’allergène en l’exposant à l’agent causal. Ce traitement est potentiellement curatif. Chez le chat, des études ont montré une réduction de la réponse inflammatoire avec ou sans amélioration des signes cliniques. Des travaux complémentaires sur l’immunothérapie et d’autres nouveaux traitements potentiels sont en cours.
Les chats atteints d’asthme félin peuvent avoir une excellente qualité de vie, mais il est très important de poser le bon diagnostic et de suivre régulièrement ces patients, car ils nécessitent généralement un traitement à long terme.
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