L’ordre du sommeil peut être une maladie grave. Nous passons beaucoup de temps à dormir et il est très important que ce sommeil soit de bonne qualité. La quantité de sommeil nécessaire au quotidien varie d’une personne à l’autre. Il est généralement admis qu’elle doit se situer entre six et dix heures. L’insomnie peut être un problème gênant car elle peut altérer complètement votre humeur et votre santé. Les effets secondaires négatifs des troubles du sommeil sont la somnolence diurne, les troubles de l’humeur, les problèmes de concentration, l’anxiété et la dépression. D’un autre côté, dormir trop longtemps n’est pas bon non plus.
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Nous passons un tiers de notre vie à dormir. Cela signifie qu’on prend plus de temps à dormir qu’à travailler et pourtant on a l’impression que le travail remplit notre vie. La fonction du sommeil demeure un des grands mystères auxquels la biologie et la génétique commencent lentement mais sûrement à apporter une réponse. Sans ce sommeil on ne pourrait pas vivre. Dormir est un instinct comme se nourrir.
Qualité du sommeil
L’architecture de notre sommeil obéit à des biorythmes. Le sommeil est constitué de cycles se répétant 4 à 5 fois au cours de la nuit. Chaque cycle de 90 plus ou mois 20 minutes est constitué de sommeil lent léger puis profond, de sommeil paradoxal avec mouvements oculaires et rêves.
La durée des cycles varie selon que le cycle se situe en début, milieu ou fin de nuit. Les deux premiers cycles de la nuit comprennent plus de sommeil profond alors que les derniers cycles vers le matin ont plus de sommeil léger et paradoxal. La durée d’un cycle complet est personne dépendante mais très variable d’un individu à l’autre. Par cette organisation rythmique et temporelle de notre sommeil, innée à chacun on ne transformera jamais un couche-tôt en couche-tard et un long dormeur en petit dormeur. Aussi imposer un rythme à notre sommeil pour le comparer à celui dit standard est trop risqué et va transformer un dormeur normal en un futur insomniaque.
Quantité de sommeil
Très peu de personnes savent réellement combien de temps elles dorment. Elles donnent des chiffres très fantaisistes. Pour approcher la vérité, il faut recourir à l’agenda du sommeil.
Contrairement à une idée très courante et erronée, la quantité de sommeil ne dépend pas seulement de sa durée à laquelle on attribue d’ailleurs une trop grande importance. La quantité de sommeil dépend aussi de sa profondeur (stades de sommeil profond). Le sommeil a ainsi deux dimensions et on oublie presque toujours la deuxième. Ceci explique que l’on puisse dormir longtemps et avoir un sommeil insuffisant en qualité, d’où réveil difficile et fatigue matinale. La plupart des insomniaques cherchent vainement à augmenter la durée de leur sommeil sans se douter qu’il suffirait bien souvent de l’approfondir.
On ignore notre horloge interne
La médecine elle-même s’intéresse toujours trop à notre anatomie et ignore le temps du corps… Lorsqu’on va se coucher, on regarde la montre et on se dit « c’est l’heure…». Or il n’y a rien qui démolit plus le sommeil que montres et pendules… La seule montre qu’il faut apprendre à consulter pour aller se coucher, c’est sa propre pendule interne. Aussi nous sommes esclaves de nos montrent et nous ignorons notre horloge interne. La médecine d’aujourd’hui et surtout de demain commence à s’apercevoir qu’une des grandes clefs de la santé et d’un bon sommeil est le respect de nos rythmes intérieurs : la chronobiologie.
Notre horloge biologique interne ordonne à chacun le moment de se coucher et se lever. N’en pas tenir compte, s’est ouvrir les portes des troubles du sommeil. On doit se persuader qu’on ne peut changer la longueur des cycles biologiques. Ils sont intangibles. La personne âgée a tendance à aller se coucher trop tôt, faute d’activités sociales vespérales, et se réveille trop tôt, elle est en avance de phase.
Ceux qui dorment mal
L’insomnie comporte des plaintes de nuit portant sur les difficultés de s’endormir ou à rester endormi ainsi que sur la qualité globale du sommeil. Normalement, on s’endort entre 15 à 30 minutes. On a le droit de se réveiller 2 à 3 fois la nuit, mais on doit se rendormir en 15 minutes en moyenne. Un réveil trop précoce et définitif sera le reflet d’un décalage horaire, de problèmes de l’environnement de troubles anxieux.
L’insomnie génère également « des plaintes diurne » avec des phases d’hypovigilance, de somnolence diurne, de troubles de l’humeur, de la concentration et des difficultés professionnelles et des inadaptations socio-familiales.
Lorsque les troubles du sommeil sont installés, le patient va se plaindre progressivement :
• de somnolence diurne, apathie
• de troubles de la concentration
• de troubles de l’humeur
• de dépression et anxiété
• d’absentéisme
• d’accidents au travail, de la circulation
Ceux qui dorment trop
Pour beaucoup, les troubles du sommeil évoquent essentiellement l’insomnie. Et pourtant l’excès de sommeil nocturne et la somnolence diurne sont des symptômes tout aussi pénibles qu’un manque de sommeil. Emerger totalement épuisé d’un sommeil de «plomb», s’endormir aux feux rouges ou à la moindre inactivité, voilà le triste lot de l’hypersomniaque. La fréquence de l’hypersomnie n’est pas rare et représente environ 8 % de la population. Les causes de l’hypersomnie diurne comme l’insomnie sont nombreuses et les traitements variés. Une des causes les plus fréquentes mais encore aujourd’hui mal diagnostiquée est l’apnée du sommeil.
Approche diagnostique : Aujourd’hui
Longtemps on a pensé que l’insomnie était psychologique d’où une certaine culpabilité du patient mauvais dormeur et de ne consulter que trop tardivement son médecin. L’origine des troubles du sommeil est cependant beaucoup plus complexe et exige une approche étiologique minutieuse et précise. Nombreuses pathologies peuvent perturber le sommeil qu’elles soient endocriniennes, cardiologiques, urologiques, rhumatologiques, neurologiques, ou psychiatriques, enfin médicamenteuses.
Il faut, absolument exclure le ronfleur apnéique, le syndrome des impatiences des jambes, et de ce fait à la première consultation de médecine du sommeil, il faut essayer d’avoir l’opportunité de questionner le ou la partenaire. Enfin il faut revoir toute l’hygiène de vie et du sommeil du patient.
Approche thérapeutique: Demain
Notre société est malade du sommeil. En Suisse, une personne sur trois présente des troubles du sommeil de façon passagère ou chronique. Trop peu de personnes font encore part de leurs troubles du sommeil à leur médecin. Il faut donc dans très proche avenir informer le public, le médecin généraliste sur les conséquences des troubles du sommeil, leurs méthodes de dépistage et les différentes stratégies thérapeutiques.
Les troubles du sommeil sont et seront toujours à l’origine de nombreux troubles psychosomatiques, psychologiques, d’accidents au travail, de la circulation, d’échecs scolaires et professionnels enfin de désinsertion sociale.
L’homme à n’importe quel âge n’est pas un objet de série…Aussi il faudra savoir personnaliser son sommeil, c’est-à-dire savoir dormir « à son style » qui ne sera pas le même pour tous.
Hier ignorés, aujourd’hui méprisés, les troubles du sommeil sont en train de devenir une préoccupation de santé publique et devront être pris en charge par une nouvelle spécialité la médecine du sommeil, médecine du futur.
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