Maladies cardiovasculaires

Mature man holds his breast

Dr. François Ricou

Cardiologue, Beau-Soleil, Genève

février 28, 2022

Les maladies cardiovasculaires sont l’une des maladies les plus courantes qui existent. Le terme lui-même est un terme général décrivant les conditions et les problèmes du cœur et des vaisseaux sanguins. Elles sont l’une des raisons les plus courantes de décès dans le monde, si ce n’est la plus courante. En 2019, 32 % des décès dans le monde étaient dus à des maladies cardiovasculaires, 85 % de ces 32 % étant dus à des crises cardiaques. Il existe plusieurs types de maladies cardiovasculaires. Les symptômes varient également, en fonction de la maladie active. Il existe de nombreux facteurs de risque pour ces maladies. Ils peuvent être liés à l’âge, à la génétique, au sexe, au tabac, à la consommation d’alcool, à la sédentarité, à une mauvaise alimentation, à un mauvais sommeil, à la pollution atmosphérique, etc.

Vous voulez en savoir plus ? Continuez à lire l’article du Dr François Ricou.

Les maladies cardiovasculaires représentent un problème majeur en santé publique puisqu’elles constituent la première cause de mortalité dans le monde. On estime qu’il y a chaque année en Suisse 28’000 personnes touchées par un infarctus du myocarde, 12’000 par une attaque cérébrale et 8’000 par un arrêt cardiaque.

Malgré les progrès énormes dans le traitement tant préventif que curatif de ces affections, les prévisions montrent que leur influence ne diminuera pas dans les années à venir. Il est donc très important de tout mettre en œuvre pour mieux prévenir, reconnaître et traiter ces affections qui représentent un problème de santé majeur en terme de souffrance pour les personnes atteintes mais aussi en terme de coût pour la société. La maladie cardiovasculaire se développe lentement sur des décennies. Il faut cependant noter que ces mesures tant de prévention que de traitement sont tout aussi efficaces si elles sont prises tard dans la vie. Il n’est donc jamais trop tard pour mieux faire.

La maladie touche l’ensemble du système cardiovasculaire mais se manifeste préférentiellement au niveau des vaisseaux cérébraux, des artères du cœur (coronaires) et des artères des jambes.

QU’EST-CE QUI BOUCHE LES ARTÈRES?

Les dépôts présents dans la paroi de ces artères sont composés de cholestérol, de calcium et de cellules inflammatoires (macrophages). Ces différents éléments, qui constituent la plaque athéroscléreuse se modifient sans cesse au cours du temps. Cette évolution est fortement influencée par d’autres facteurs associés appelés “facteurs de risque cardiovasculaire” (tabac, diabète, hypertension artérielle, cholestérol, sédentarité) et peut sans cesse être modifiée par un changement des habitudes de vie (interruption du tabagisme, régime pauvre en graisses animales) ou par un traitement.

QUELLES SONT LES CONSÉQUENCES DE L’ATHÉROSCLÉROSE?

Ces dépôts athéromateux associés au manque d’exercice physique amènent tout d’abord une rigidification des artères entraînant une augmentation de la pression artérielle (hypertension artérielle) très fréquente chez les personnes de plus de 65 ans. En progressant, ils vont provoquer un rétrécissement des conduits artériels (sténose artérielle). La sténose, lorsqu’elle atteint une certaine taille, entraîne une diminution de la quantité de sang qui parvient aux tissus et donc de l’apport d’oxygène. Or, l’oxygène, transporté par les globules rouges du sang, est un élément indispensable à tous les organes qui ne peuvent fonctionner ou survivre que très peu de temps sans oxygène (ischémie).

QUI EST LE PLUS À RISQUE?

Différents facteurs appelés facteurs de risque cardiovasculaire (tabac, diabète, hypertension artérielle, cholestérol, sédentarité) participent à la formation de la plaque athéroscléreuse. L’effet nocif de ces différents facteurs est non seulement additif mais multiplicatif. Alors que les femmes sont relativement protégées par les hormones jusqu’à la ménopause, leur risque croît par la suite pour rejoindre celui des hommes aux alentours de 70 ans.

ATTEINTE CÉRÉBRALE

Les vaisseaux cérébraux les plus atteints par la maladie athéroscléreuse sont les artères carotides. Ces gros vaisseaux qui cheminent au niveau du cou amènent le sang au cerveau qui en a constamment besoin puisque, comme le cœur, il ne peut s’arrêter de fonctionner.

Les dépôts qui se forment rétrécissent progressivement l’artère qui peut finalement se boucher par le développement d’un caillot ou thrombus. Les turbulences du flux sanguin produites par un rétrécissement peuvent aussi amener à la formation de petits agrégats de plaquettes à la surface de la plaque.

Ces cellules normalement destinées à boucher les microblessures des vaisseaux forment donc des caillots de quelques millimètres de diamètre qui sont ensuite entraînés par le flux sanguin jusque dans les vaisseaux cérébraux qu’ils bouchent (embolie). Les conséquences sont généralement dramatiques car le tissu cérébral privé d’oxygène meurt quelques minutes (accident vasculaire cérébral ou attaque cérébrale). De plus, la fonction de la région atteinte (langage, mouvement d’une partie du corps) ne peut généralement pas être pris en charge par une autre région du cerveau. Il s’en suit un déficit permanent sauf si l’obstruction est de courte durée par migration ou dissolution naturelle du caillot (accident vasculaire transitoire).

Il est donc essentiel de consulter au plus vite un médecin si l’on ressent même transitoirement un engourdissement ou la paralysie transitoire d’une jambe ou d’un bras, un trouble passager du langage ou de la vue pour qu’un diagnostic précis puisse être établi et un traitement préventif mis en place.

ATTEINTE CARDIAQUE

La maladie coronarienne est la maladie cardiaque la plus fréquemment rencontrée après 50 ans. Elle est la conséquence d’une diminution du calibre des vaisseaux coronaires qui alimentent le muscle cardiaque en oxygène.

Lorsque les besoins en oxygène augmentent, sous l’effet d’un effort physique ou d’un stress, ces vaisseaux ne peuvent fournir la quantité de sang nécessaire.

Le muscle cardiaque “sous-alimenté” souffre de ce qui se traduit par une douleur dans la poitrine irradiant volontiers dans le bras gauche appelée angine de poitrine ou angor. Souvent cependant, le manque d’oxygène ne se manifeste non pas par une douleur mais par un simple “manque de souffle” qui s’explique par la mauvaise fonction du muscle cardiaque insuffisamment irrigué (ischémie). L’ischémie peut aussi se traduire par de simples nausées, des douleurs dans la mâchoire ou une très vague oppression thoracique. Il faut donc prêter attention à toute manifestation nouvelle survenant à l’effort ou lors d’une émotion qui peuvent traduire une ischémie cardiaque.

Si les rétrécissements s’aggravent, les manifestations cliniques se produisent pour des efforts de plus en plus modestes pour parfois apparaître même au repos. Finalement, si l’artère se bouche, le muscle cardiaque qu’elle irrigue meurt provoquant donc un infarctus. La douleur est généralement plus intense et surtout plus durable (plus de 30 minutes) que lors de l’angine de poitrine mais peut aussi être moins typique ou parfois parfaitement silencieuse.

ATTEINTE DES JAMBES

Au niveau des jambes, le rétrécissement des artères entraîne des crampes à la marche dans les muscles ne recevant pas assez de sang obligeant à ralentir le pas ou à interrompre l’effort d’où son nom de claudication intermittente.

Si les conséquences ne semblent initialement pas aussi dramatiques qu’au niveau du cerveau ou du cœur, l’aggravation de l’atteinte peut aboutir à une telle diminution de la quantité d’oxygène que les tissus manquent d’oxygène même au repos pour finalement se nécroser (gangrène).

Moyens diagnostics

Pour les atteintes des artères coronaires ou des jambes, on pratique généralement un test d’effort durant lequel on tente de reproduire les symptômes en recherchant des signes supplémentaires. Si le test d’effort ou un autre test diagnostic (IRM, scintigraphie) confirme la suspicion clinique au niveau cérébral on a recourt à un moyen permettant de visualiser directement l’artère. On utilise pour cela soit les ultrasons (échographie des artères carotides ou des jambes) soit une angiographie.

Traitement préventif

Dans un premier temps lorsqu’une athérosclérose est suspectée, il faut rechercher les facteurs de risque de développer la maladie que sont:

• le tabagisme

• le diabète

• l’hypertension artérielle

• l’excès de cholestérol

• la sédentarité

Contrairement à une idée communément reçue, les interventions possibles sont tout aussi, voire plus efficaces avec l’avance en âge. Il n’est donc jamais trop tard pour prévenir les maladies cardiovasculaires!

Traitement curatif

Si le traitement curatif de la maladie cardio-vasculaire n’existe pas, on peut en revanche diminuer fortement les risque d’événements aigus graves (infarctus, attaque cérébrale) et ralentir la progression des lésions déjà présentes voir même les faire régresser.

Lorsque la maladie est présente, son risque majeur est l’embolie ou l’occlusion de l’artère. Ce phénomène peut être prévenu par un traitement d’Aspirine qui doit être instauré dans tous les cas. Ce médicament administré à petites doses (100 mg soit 5 x moins qu’une Aspirine normale) réduit l’adhérence des plaquettes et diminue de 50% le risque d’événement aigu.

Lorsque la maladie induit des symptômes il faut avoir recours à des approches permettant de restaurer le flux sanguin insuffisant. Lors d’une atteinte aiguë, les délais d’intervention dépendent de l’organe concerné: quelques minutes pour le cerveau, quelques heures pour le cœur. Il est donc essentiel que nous sachions tous reconnaître rapidement les manifestations de la maladie pour pouvoir consulter sans délai, même en cas de doute, en appelant le numéro de téléphone 144.

Lors d’une atteinte chronique, les interventions viseront soit à augmenter le flux dans l’artère en dilatant l’artère rétrécie: par des médicaments (vasodilatateurs) mais également en cas d’échec par un ballonnet ou par chirurgie de pontage, en développant des petits vaisseaux qui suppléent à l’artère défectueuse (exercice de marche), et en empêchant l’agrégation des plaquettes qui bouchent partiellement le conduit (Aspirine), soit à diminuer les besoins des organes en particulier au niveau cardiaque par diminution de la pression artérielle et de la fréquence cardiaque à l’aide de médicament.

Pour éviter de développer une maladie cardiovasculaire il faut:

• pratiquer régulièrement un exercice physique (marche, vélo: 3-4h/sem).

• interrompre son tabagisme (ou ne jamais commencer…)

• suivre un régime pauvre en graisse animale, riche en poisson et en fibre

• mesurer régulièrement le cholestérol, le sucre (diabète) et la pression artérielle en deux mots: s’intéresser à soi Pour éviter l’aggravation d’une maladie cardiovasculaire il faut:

• prendre les mesures ci-dessus encore plus au sérieux

• prendre 100 mg d’Aspirine par jour

• prendre un traitement de statine pour réduire le cholestérol en deux mots: s’occuper de soi

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