« J’ai de plus en plus de plaisir à revenir en Suisse », Vincent Pérez

Vincent Pérez

Martine Bernier

Journaliste santé, rédacteur en chef

mars 22, 2021

Vincent Pérez est l’un des acteurs suisses les plus connus. Il a passé ses 18 premières années dans la partie francophone du pays. Certains de ses films les plus connus sont « Cyrano de Bergerac », « Indochine », « La Reine Margot », et bien d’autres. Il a commencé à travailler pour un photographe, faisant beaucoup de travail de laboratoire et peu de travail de studio. Une fois entré dans l’âge adulte, il s’est tourné vers le théâtre, puis vers le cinéma. Le reste appartient, bien sûr, à l’histoire. Il a laissé son empreinte sur l’industrie dans le monde entier !

Si vous voulez en savoir plus, continuez à lire l’article de Martine Bernier.

Vincent Pérez est l’un des acteurs suisses les plus connus. « Indochine », « Cyrano de Bergerac », « Le Bossu », « Fanfan la Tulipe », « La Reine Margot », « Un prince presque charmant »… sa filmographie est impressionnante et sa réputation d’homme de théâtre et de réalisateur n’est plus à faire. A 52 ans, bien qu’il vive à Paris depuis longtemps avec son épouse, l’actrice réalisatrice et écrivain Karin Silla et leurs trois enfants, il ne renie pas ses origines et reste un homme chaleureux et simple.

Vous avez quitté la Romandie depuis longtemps. Vous sentez-vous plus Français que Suisse?

Non. J’ai vraiment en moi cette fibre helvétique. Je suis né en Suisse, et ayant vécu les 18 premières années de ma vie dans le pays romand, je dirais que ça marque son homme. J’ai de plus en plus de plaisir à y revenir. Je travaille d’ailleurs en ce moment sur un projet important qui se passera en Suisse, dont je ne peux pas encore parler. Il y a en moi un véritable désir de revenir plus souvent dans mon pays.

Vous y avez gardé des attaches?

Oui, essentielles. Il faut y faire attention et en prendre soin, car ce sont les fondations d’un individu et j’y attache beaucoup d’importance. J’ai une mère allemande et un père espagnol. Ma mère vit toujours en Suisse et mon père est en Espagne. Une partie de moi est citoyenne du monde. Je m’adapte partout où je vais, je suis ouvert, pas complètement formaté par une culture. Aujourd’hui, j’ai pris conscience que le terreau dans lequel on naît et on grandit, en y passant l’étape cruciale de l’enfance, vous marque pour toujours. Je ne me suis pas fait naturaliser français, j’ai un passeport suisse. La question s’est posée, mais je tiens beaucoup à ma nationalité helvétique. Ma femme est française (l’actrice et réalisatrice Karin Silla) et nos trois enfants ont la double nationalité.

Vous êtes venu à Crans-Montana voici quelques jours, acceptant d’intervenir dans une école privée. Quels liens vous unissent au Régent Collège?

J’ai découvert des gens formidables qui ont créé cette école internationale dans le Valais et qui m’ont demandé voilà un peu plus d’un an, d’en devenir le parrain. Après en avoir longuement parlé avec eux, j’ai accepté, de suivre cette école et de participer à des rencontres comme celle qui vient de se dérouler. Le film Fanfan la Tulipe a été projeté aux élèves Juniors qui ont entre 5 et 13 ans et, le lendemain, j’ai répondu à leurs questions.

Cela m’a fait beaucoup de bien de me retrouver face à des interrogations et des réactions d’enfants. A l’heure du repas, j’ai dû pratiquement déjeuner à toutes les tables en même temps parce que tous voulaient que je m’installe avec eux ! J’ai beaucoup aimé cette expérience. Un autre bâtiment pour la Senior School va ouvrir en septembre, absolument magnifique, que j’ai eu la chance de visiter alors que les travaux se terminent. Je fais partie d’une fondation qui vient de se créer au sein de l’école pour permettre à des élèves plus démunis d’accéder à des bourses d’études et à cet enseignement.

Vous les soutenez également dans un projet de comédie musicale qui aura lieu en septembre…

Oui. Les juniors travaillent en ce moment une comédie musicale sur Charlie et la Chocolaterie. J’ai donné un petit coup de main aux professeurs et aux élèves en les faisant un peu travailler sur les personnages, la mise en scène et le jeu des acteurs. Cela a été très intéressant. J’ai l’impression de pouvoir communiquer une passion, cette fibre artistique qui est importante pour moi. Je ne suis pas forcément le meilleur des pédagogues, mais ça fait du bien de retourner vers le fondement des choses…

Vous avez commencé vos propres études en étudiant la photo à l’Ecole supérieure d’arts appliqués de Vevey. Qu’est-ce qui vous a donné envie de bifurquer vers le cinéma?

J’ai suivi ces études en tant qu’externe, comme apprenti. Pendant la semaine je travaillais chez un photographe qui m’a fait faire beaucoup de laboratoire et un peu de studio. J’étais une petite main, j’ai appris à développer, à révéler des images dans des bacs. A l’école, ce que j’apprenais était beaucoup plus technique, ce qui me correspondait moins. Mais j’y ai rencontré des personnes passionnantes et, durant ces années, j’ai commencé à entrer dans l’âge adulte. C’est l’âge où on se demande ce qu’on veut faire de sa vie. J’ai débuté mon parcours par le théâtre, pour arriver ensuite au cinéma. J’aime raconter des histoires, incarner des personnages. La photographie c’est un peu pareil, on raconte des vies, on est témoin d’instants, c’est l’art de regarder.

Lorsque vous avez annoncé à vos parents que vous alliez vous tourner vers le cinéma, comment ont-ils pris la nouvelle?

Ca a été une catastrophe. Sauf pour ma maman que le cinéma avait toujours fait un peu rêver. Elle avait un peu caressé secrètement le rêve d’en faire et m’a encouragé sans jamais l’exprimer. Mais pour mon père ça a été très difficile. Il n’a pas su quoi faire de cette nouvelle. C’est avec l’aide de mon mentor et ami, mon deuxième père, Pierre Gisling que la situation s’est dénouée. Je dis toujours de lui qu’il m’a sauvé la vie. Adolescent, j’avais gagné un concours de dessin. Il faisait partie du jury et il m’a proposé de participer à ses cours de dessin et de peinture qui étaient filmés pour la télévision. J’ai participé à Un regard s’arrête et aux Aiguillages du rêve. Il était notre maître d’art. J’ai avec lui des souvenirs absolument merveilleux, il a changé ma vie. C’est lui qui m’a mis pour la première fois un appareil photo dans les mains. J’ai fait là mon premier portrait, un portrait de lui. Il m’a raconté il y a peu de temps qu’un jour, mon père est allé le voir, désespéré parce que j’avais pris la décision de devenir acteur. Papa lui a dit: « Alors… qu’est-ce qu’on fait? » Comme s’il s’adressait à l’autre père. C’était une intention très généreuse de sa part. Pierre lui a répondu: « S’il a cela en lui, il faut le laisser avancer… » J’ai fait le Conservatoire de Genève, puis le Conservatoire national d’art dramatique de Paris et enfin l’école de Patrice Chereaux, grand génie du théâtre. J’ai beaucoup travaillé et j’ai eu de la chance. Tout est allé très vite.

Qu’est-ce qui vous attire dans un rôle?

Je sors d’une expérience au théâtre où j’ai joué Les Liaisons Dangereuses dans toute la France et à Paris, et ça a été un énorme succès. Ce que j’aime le plus, c’est de pouvoir inclure le geste et le physique, la pensée et le corps, l’animal et la raison. J’aime pouvoir bouger, glisser, tomber, me relever, courir, lier les paradoxes, les contradictions, les personnages lumineux et à la fois sombres, leur insuffler de l’humour, si je ne suis pas pris dans le piège du drame… J’aime la difficulté. Quand c’est trop simple, je ne suis pas très bon! J’aime les obstacles, la difficulté.

Atteindre la cinquantaine est vécu comme une aubaine par certains acteurs et comme un problème pour d’autres. Et dans votre cas?

Je suis plus concerné par ce que je veux faire de ma vie, je me pose moins de questions sur ce que je dois jouer, mais davantage sur ce que je suis. La réalisation tient une place importante dans ma vie, comme l’envie de produire, la photographie… Côté acteur, au cinéma, je suis revenu à une certaine rigueur dans mes choix. Je suis très pris par le dernier film que je viens de réaliser. Seul dans Berlin (titre original: Alone in Berlin) va sortir d’abord en Allemagne puis en Angleterre, en France, puis en Suisse fin novembre et dans le monde entier. Je l’ai adapté en anglais d’un roman d’Hans Fallada. On n’a pas une mère allemande sans que plein de questions resurgissent sur l’Histoire, mes origines, etc. Ce film… ce sont mes ancêtres qui communiquent à travers moi. Avec lui, je suis moi au cinéma.

Est-ce difficile d’être Vincent Pérez sachant que lorsque l’on a une certaine notoriété, le comportement des gens change?

Je crois que c’est surtout difficile d’être un individu… Je me sens proche de tous, pas du tout différent. Je suis au même niveau que vous, l’instituteur, la boulangère ou le politicien. Nous faisons simplement des métiers différents. Le mien est visible, je suis plus souvent dans les journaux ou à la télévision que le vendeur de journaux, mais au fond de moi, je me sens vraiment comme tout le monde. Je veux seulement accomplir quelque chose dans ma vie, laisser une trace. C’est plus fort que tout, et j’espère que je vais y arriver. Il me reste un peu moins de temps qu’avant, mais j’en ai encore. Donc je ne désespère pas !

Qu’aimeriez-vous que l’on retienne de vous plus tard?

J’aimerais bien que l’on dise de moi que j’ai été un père, un mari, un fils, un ami, un homme de parole. Peut-être tout simplement un témoin, un témoin de mon temps.

Vous travaillez actuellement sur un livre de portraits russes. Quel lien avez-vous avec la Russie?

Cela fait 25 ans que je me rends en Russie. Les Russes m’aiment bien, mes films ont tous été diffusés là-bas, j’ai beaucoup de tendresse pour le pays, ses habitants, l’Histoire, la culture, sa littérature, son cinéma. Ce sont d’ailleurs des auteurs comme Tchekhov et le livre La formation de l’acteur de Constantin Stanislaski qui m’ont amené au métier d’acteur. Cela s’est passé entre la gare de Lausanne et celle de Moudon… Pendant que je passais avec le train devant la maison de Charlie Chaplin, j’imaginais sa vie, là, audessus de Vevey. Le lien avec la Russie a commencé là.

Les photos sont axées sur quel genre de portraits?

Les petits métiers, les gens ordinaires… C’est un grand challenge pour moi. C’est mon premier livre, et je vais le faire avec Olivier Rolin, qui est auteur et russophile. Nous allons parcourir les pôles opposés de la Russie. Il est prévu que nous allions du côté de la Finlande et que nous remontions sur les plateaux près de la Mongolie en passant par la Crimée… Le livre sortira aux éditions Delpire en 2017. Mais ces photos se verront probablement en février, mars et avril à la Maison Européenne de la Photographie, à Paris, où je serai exposé. C’est très prestigieux et… je commence à avoir des sueurs froides, car il faudra vraiment que je sois au top avec mon travail de photographe. Parallèlement, je prépare mon prochain film en tant que réalisateur… Et j’ai un autre très beau projet en Suisse, qui me tient très à cœur… mais dont il est encore un peu trop tôt pour pouvoir parler!

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